lundi 6 septembre 2010

Eloge de la Femme Dessus



Médecins et théologiens s`accordent, de l`âge baroque au "stupide XIXe siècle" pour condamner la position de la femme installée sur l`homme, qui peut, outre damner son âme, provoquer des accidents fâcheux, allant jusqu`à la rupture du pénis...

C`est ce qu`il advint à Jean G., palefrenier âgé de 37 ans, en 1853. Sa femme se plaça sur lui et "par un faux mouvement pressant de tout le poids de son corps sur la verge alors en violente érection, elle le ploya brusquement vers le périnée et la cuisse", provoquant une gangrène qui acheva le malheureux. C`est en tout cas ce que raconte le chirurgien Demarquay dans le très rare opuscule Des lésions du pénis déterminéees par le coït (Paris, Asselin, 1861).

En nette subversion de ces craintes la littérature érotique de l`âge classique va se délecter avec la chevauchée de l`homme par la femme dès l`apologie enthousiaste qu`en fait Suzanne dans l`Ecole des filles.

"Susanne: Or sus, treve de compliments, et disons encore cecy : l'amour a Cela d'accommodant qu'il, satisfaict entièrement tout lé monde selon sa portée: les ignorans par: une pleine jouyssance des plaisirs qu'ils y trouvent sans sçavoir d'où ils viennent, les habiles gens par les douces imaginations que l'esprit y conçoit en les recevant. Par exemple, dans ceste posture que l'homme faict tenir à la femme quand elle monte dessus, combien de douces Considérations peuvent satisfaire l'esprit, causées par le seul eschange mutuel des devoirs et des volontez qui se practique entre eux ; car de chevaucher simplement une femme qui se laisse faire et que la honte ou la froideur empeschent de passer outre dans la recherche du plaisir, c'est une satisfaction commune, et il n'y-a que le plaisir de descharger dans son con qui chatouille les sens de l'un et de l'autre pour un peu de temps. Mais quand, au lieu de veoir que l'homme se tourmente pour venir au point désiré, c'est au contraire la femme qui;prend ceste peine de chevaucher et qui prend la peine d'elle mesme de, s'engaigner autour de sa forte et dure lance, en faisant pour cela, à ses yeux,les actions requises et nécessaires, ô! dame, c'est un bonheur qui n'a point d'esgal et qui; les doibt ravir en des çontentemens extrêmes.

Car il voit sur luy le ventre, le nombril, les cuisses, la mothe, le con et généralement tout le corps de sa mieux aymée, qui donne de vifs esguillons à sa 1 flamme; il voit et sent l'agitation naturelle qu'elle faict sur luy en luy pressurant amoureusement la plus pretieuse partie de luy mesme; il l'admire en face, qui faict toutes ces choses; il semble qu'il doubte, il taste encore pour s'asseurer .de son bonheur, il s'escrie de plaisir chaque coup qu'elle donne, il se transit d'ayse en sentant ses attouchemens, et estime plus son bon vouloir que le reste, asseuré qu'il est d'en estre aymé. Et quand l'amour après vient à payer le tribut deu à leurs contentemens, il voit fondre son plaisir dans ses yeux, et comparant les clairs rayons qui viennent de ces mêmes yeux, vrais miroirs de l'âme, avec les postures et grimaces naturelles qu'elle faict de son corps, de ses reins, de sa teste, de ses cuisses et de la partie la plus secrète où il a le contentement de loger son membre tout entier, croit que ses autres membres, bien qu'ils ne voyent goutte, ne laissent pas de sentir leur part du plaisir. La femme aussi, qui est dessus, considère de son costé et faict des reflexions particulières sur chasque posture, en suite à les conter toutes une par une, qui a son nom propre aussi bien que ses ragousts différents, sur lesquels on recommencerait d'icy à dix ans..." (1668, 160-2)

Le renversement de la position du mâle chevaucheur, tant vantée depuis Brantôme (pour lequel, en un célèbre aphorisme "chemin jonchu et con velu sont forts propres pour chevaucher"), se révèle une transgression excitante que l`on sait, comme le carnaval, transitoire, mais qui aide à la recherche du plaisir mutuel, topos obsédant de l`obscénité littéraire autant que des traités de l`amour conjugal.

La femme dessus triomphe ainsi dans l`érotisme des Lumières, comme l`atteste un de ses best-sellers incontournables, le Portier des Chartreux

"Attends donc, reprit-elle, attends, mon ami, je veux te donner un plaisir nouveau, je veux te foutre à mon tour : couche-toi comme je l'étais tout à l'heure. Je me couchai aussitôt sur le dos ; elle monta sur moi, me prit elle-même le vit, me le plaça, et et se mit à pousser. Je ne remuais pas ; elle faisait tout, et je recevais le plaisir. Je la contemplais, elle interrompit son ouvrage pour m'accabler de baisers ; ses tétons cédaient au mouvement de son corps et venaient se reposer sur ma bouche. Une sensation voluptueuse m'avertit de l'approche du plaisir. Je joignis mes élancements à ceux de ma fouteuse, et nous nageâmes bientôt dans le foutre. Brisé par les assauts que j'avais reçus et livrés depuis près de deux heures, le sommeil me gagna. Mme Dinville me plaça elle-même la tête sur son sein, et voulut que je goûtasse les douceurs du sommeil dans un endroit où je venais de goûter celles de l'amour" (Bruxelles, 1889, 108)

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