mercredi 18 novembre 2015

Sciences et Pataphysique






0% halal, 0% casher, 100% français

Tanka G. Tremblay

Le 28 février dernier se tenait à Montréal, dans un lieu tenu secret, une troublante conférence de trois militants issus du groupe néofasciste italien CasaPound. Organisée conjointement par la Fédération des Québécois de souche (FQS) et La Bannière noire, elle se voulait une occasion de plus pour les activistes d’extrême-droite de festoyer et de se manifester en sol canadien. Car, on ne s’en étonnera point, les groupes de cet ordre pullulent, ici comme ailleurs.
La rhétorique n’est pas nouvelle. Le combat se veut juste et louable. Et le cas de la Fédération des Québécois de souche (FQS) est exemplaire. La FQS est connue notamment dans la région du Saguenay Lac-Saint-Jean pour ses faits d’armes à saveur douteuse (comme celui auquel renvoie le titre du présent compte rendu – « 0% halal, 0% casher, 100% Québécois », une campagne lancée au printemps 2014 pour dénoncer l’apparition soudaine sur le marché québécois de sirop d’érable certifié halal et casher). La FQS, dont le site Internet est éloquent (http://quebecoisdesouche.info/), est ainsi décrit dans la foire aux questions dudit site comme « un organe de diffusion qui fait la promotion du maintien de notre poids démographique, en plus de valoriser et partager notre patrimoine culturel, tout en luttant pour nos intérêts ethniques et “raciaux”, pour reprendre la terminologie du gouvernement fédéral. »
On ne saurait être trop prudent face à l’envahisseur… L’air est lourd de menaces. « Il se trouve que les politiques d'immigration actuelles et les courants idéologiques dominants vont à l'encontre de nos intérêts. Nous sommes donc parfaitement dans notre droit de chercher à défendre nos intérêts et, au besoin, de dénoncer les politiques qui nous nuisent collectivement. D'ailleurs, aucun peuple fondateur n'a avantage à se voir constamment dénigré et mis en minorité sur son territoire. »
L’invasion serait-elle imminente ? Le glas des « Québécois de souche », formant à bon droit pour la FQS la « nation québécoise », aurait-il sonné ? « Le comble de l'hypocrisie serait de permettre à chaque groupe ethnique de s'organiser et de se défendre collectivement, tout en refusant ce même droit à la majorité historique. Nous réclamons l'égalité devant la loi. Bien qu'étant contre la politique gouvernementale du multiculturalisme, nous pouvons utiliser le cadre de celle-ci pour promouvoir nos intérêts et démontrer en quoi elle nous est nuisible en tant que majorité historique et peuple fondateur. »
« Québécois de souche », « nation québécoise », « peuple fondateur »… Le choix des termes n’est pas fortuit. « Le terme “de souche” fait référence à la souche française fondatrice et à ses descendants. Nous opposons donc une conception de “droit du sang” à celle du “droit du sol” ou de “nationalisme civique”. Pour nous, la nation est une famille élargie. Autrement dit, pour être un Québécois de souche (française), il suffit d’être descendant direct des colons français d’origine. Notre nom fait donc référence aux descendants des 2600 fondateurs de la Nouvelle-France qui, selon le Programme de recherche en démographie historique de l'Université de Montréal, constitue aujourd’hui la majorité de la population québécoise, soit environ 6 millions d’individus qui peuvent retracer leurs origines à ces fondateurs. » Suivant cette logique, « lorsqu’on parle d’origine ethnique, la majorité des Européens sont des “frères” - la différenciation se fait principalement par la langue et la culture - même si ceux-ci sont très similaires vis-à-vis de ceux qui sont d’origine extra-européenne. Dans le passé, une immigration limitée irlandaise, écossaise, et même allemande s’est greffée à la population d’origine française pour y adopter les us et coutumes ainsi que la langue, et faire partie de la famille par mariage et ainsi de suite. Les descendants de ceux-ci, partageant le sang français, sont donc d’authentiques “de souche”. Nous faisons remarquer aussi que l’héritage culturel et religieux de ces gens était très similaire au nôtre et ne menaçait en rien la souche originale si ceux-ci s’intègrent à la nation. »
Qu’en est-il des autres ? Des immigrants qui ne sont pas d’origine européenne ? Ils ne sauraient en être de même pour la FQS : « les membres souvent n’ont pas de parenté ethnique, linguistique, religieuse ou culturelle et c’est là qu’il y a rupture avec la souche sur tous les points de vue. »
Les Québécois de souche, c’est un fait très clair pour la FQS, « sont issus de familles spécifiques du temps de la Nouvelle-France (c’est encore le cas pour la majorité de la population actuelle du Québec). Un immigrant français peut donc être un “Français de souche” sans être un Québécois de souche, même si ethniquement, ils sont identiques. Cela va de soi puisqu’il y eut une rupture de contact entre la mère patrie et la colonie depuis 1760. Mais tout comme les Irlandais, Écossais et Allemands auparavant, les descendants de l’immigrant français peuvent facilement se greffer à notre peuple en y causant aucun tort ou modification. »
« … aucun tort ou modification »… le vocabulaire est choisi… et précis. Ce n’est guère surprenant : quand la science tricote avec l’imaginaire, elle est capable du meilleur comme du pire. Si la question des « Québécois de souche » semble désormais réglée, du moins pour la FQS, celle des « Français de souche », dit « ethniquement identiques » à leurs cousins, à laquelle elle renvoie, ne l’est point. Du moins ne l’était-elle point jusqu’à il y a peu. C’était sans compter sur l’apport considérable de Marc Décimo, qui vient combler le vide avec ses deux tomes de Sciences et Pataphysique, parus il y a quelques mois.

La question centrale des ouvrages – comment la science fricote avec les préjugés, avec toutes ces tentatives érudites et souvent farfelues (tome I), et comment elle s’en arrache péniblement (tome II) – vient bouleverser les idées reçues sur le fait français. Plutôt que de reprendre la ritournelle habituelle, Marc Décimo s’empare de ces déterminations, de ces fantasmes de puissance (qui tourne souvent autour de la même grande idée : la supériorité face au voisin, qui d’ailleurs a la même prétention), qui sont portées, la plupart du temps, par des réflexions sur la langue, sur la race, et en trace un parcours, qui s’étend des celtomanes Jacques Le Brigant (1720-1804) et Théophile Malo Corret de La Tour d’Auvergne (1743-1800) (il s’imaginent que le breton est la langue-mère) (ch. I) à aujourd’hui. Sont ainsi examinés, chapitre après chapitre, les grands pans de ce parcours, de ces zones de savoirs et de non-savoirs qui, alimentés par une Révolution française qui aurait dû en principe régler ces questions, flirtent tous autant qu’ils sont avec ces mots en apparence porteurs de sens, comme identité, langue, race, religion, occupation d’un territoire, mais qui en réalité n’en arrachent pas moins par leur absence de sens. Les régions de France qui, pour des raisons politiques, les patois ayant été étouffés par la République, vont reprendre ces traditions pour conforter leur identité, seraient-elles de la même trempe que les régions du Québec ? Les modèles s’affrontent. Les démonstrations et les preuves sont multiples. Il y a ceux qui, comme le soi-disant celte-atlante Charles-Joseph de Grave (1736-1805) (ch. II) s’approprie les grands esprits, démonstrations topographiques à l’appui, pour ce faire – il prétend dans un ouvrage paru en 1806, quelques mois après sa mort, qu’Ulysse a fait son parcours dans les Flandres et qu’Homère est Belge. On se bornera à citer le titre complet, qui à lui seul suffit pour comprendre les intentions de l’auteur :
« République des Champs Élysées, ou MONDE ANCIEN, Ouvrage dans lequel on démontre principalement : Que les Champs élysées et l’Enfer des Anciens sont le nom d’une ancienne République d’hommes justes et religieux, située à l’extrémité septentrionale de la Gaule, et surtout dans les îles du Bas-Rhin ; Que cet Enfer a été le premier sanctuaire de l’initiation aux mystères, et qu’Ulysse y a été initié ; Que la déesse Circé est l’emblème de l’Eglise élysienne ; Que l’Elysée est le berceau des Arts, des Sciences et de la Mythologie ; Que les Elysiens, nommés aussi, sous d’autres rapports, Atlantes, Hyperboréens, Cimmériens, &c., ont civilisé les anciens peuples, y compris les Egyptiens et les Grecs ; Que les Dieux de la Fable ne sont que les emblèmes des institutions sociales de l’Elysée ; Que la Voûte céleste est le tableau de ces institutions et de la philosophie des Législateurs Atlantes ; Que l’Aigle céleste est l’emblème des Fondateurs de la Nation gauloise ; Que les poètes Homère et Hésiode sont originaires de la Belgique, &c. »
C’est encore le cas de La tribune des linguistes (1854-1860) (ch. III), une des premières sociétés de linguistique, qui fonctionne sur ces bases tout en croyant y échapper : ils sont progressistes, défenseurs de l’anticatholicisme, mais croient aux esprits (spiritisme) – et son héraut, Casimir Henricy (1814-1901), provençal, pense que la langue-mère est le provençal !.
« La source [du français] est le provençal, c’est-à-dire la langue gauloise, toujours concentrée et conservée dans son foyer primitif, La Gallo-Ligurie. La création, à une époque aussi reculée, d’une langue si supérieure aux autres, mère du latin, − qui a failli devenir universelle, − mère du français, − qui tend à le devenir, − mère de toutes les langues les plus claires, les plus riches, les plus belles, les plus harmonieuses et les plus répandues qui existent de nos jours, cette création est, à nos yeux, le plus beau titre de gloire de notre race ; car le langage c’est l’initiation à la vie intellectuelle, c’est le lien qui doit unir un jour tous les membres épars de l’humanité. » (C. Henricy, « La langue universelle », La Tribune des linguistes, t. I, 1858, p. 377, cité par M. Décimo, Sciences et Pataphysique…, t 1, p. 223).
On peut bien sûr trouver des preuves ethnologiques, comme la coiffure, pour démontrer les liens de parenté. Les extensions anthropologiques sont une autre preuve (ch. IV). Ainsi par exemple l’architecte Henri Espérandieu (1829-1874) établit-il en jouant sur la comparaison de formes une corrélation entre coiffure et toiture.



Dans tous les cas s’expriment cette crainte de l’étranger, ce refus de venir d’ailleurs. C’est encore ce qui est démontré au chapitre suivant sur ces Gaulois qui apprennent à lire avec la lune, non loin de Paris, là où est né, plus tard, La Fontaine ! (ch. V). Les tentatives d’explication des origines de l’homme et des civilisations ne sont pas en reste. Pour Henri Lizeray (1844-1905), cela ne fait pas de doute, Jésus fut gaulois (Henri Lizeray, 1844-1905). Pour Céline Renooz (1840-1928), l’homme est d’origine végétale et enracine dans le sol le Gaulois, le Français (ch. VI).
« L’homme cherche partout à son image, ou sa ressemblance, méconnaissant ainsi la grande loi de l’évolution qui change incessamment les formes, les organes, les tissus. Figurez-vous un kaléidoscope en rotation continuelle, et nous présentant sans cesse de nouveaux dessins, issus les uns des autres, cependant. Pourquoi voulez-vous que les derniers ressemblent aux premiers ?
Donc les formes ancestrales ne ressemblent pas à l’homme.
Mais, alors, à quoi ressemblent-elles ?
À l’arbre, − à l’arbre qui s’accroît, qui se modifie, qui se transforme, qui, longtemps, évolue à la même place sans rencontrer la mort, cette interruption qui abrège nos existences et qui n’existe pas pour l’arbre de vie.
Demandons à l’ébauche de l’enfant qui va naître quelles sont les phases de la vie végétale qu’il reproduit, car, par une loi merveilleuse de la nature, les recommencements retracent mot à mot les commencements.

C’est par une cellule que tout organisme commence.
Une cellule, qu’est-ce ?
Un petit globule, petit, petit, que le microscope nous révèle. Mais tous ne sont pas semblablement constitués. Celui qui commence la vie humaine, l’ovule fécondé, commence, de même, la vie végétale des organismes supérieurs, et cette aristocratie du monde des plantes se reconnaît à ses premiers organes pairs : les cotylédons, ces avant-feuilles qui ne ressemblent pas à des feuilles, et qui ont valu à toute la grande caste supérieure du monde végétal un nom barbare que j’aime mieux ne pas dire.
Passons rapidement. Voici une tige tout entière faite de ces mêmes cellules ; l’embryon de l’homme n’est, d’abord, que cela. Puis elle se ramifie, dans deux directions – par en haut pour former un bouquet de branchilles au sommet, par en bas pour former les racines. Même ramification dans l’embryon. Cela s’appelle improprement : l’aire vasculaire.
Mais où donc est la tête, où donc les membres ?
Cela va venir, mais en attendant et pour que vous puissiez vous y reconnaître facilement, je vais vous expliquer tout de suite le grand fait – ou plutôt le grand mystère – qui nous a caché, si longtemps, notre origine végétale : c’est que l’arbre est renversé, non, je me trompe, l’homme est renversé. Quand il est embryon, quand il est arbre, il a la tête en bas, les jambes en haut.
Regardez donc les arbres que vous allez observer pour y trouver tout ce que je vais vous décrire, comme des êtres renversés.
Maintenant continuons d’abord à construire notre ébauche d’homme. Voici que la tige s’accroît, et remarquez bien ceci : chaque année c’est un morceau de tige qui se forme et vient se superposer à la tige antérieure, par en haut et par en bas. Tous ces fragments, mis bout à bout, formeront la colonne vertébrale. Chaque pousse, que nous appellerons mérithalle avec les botanistes, protovertèbre avec les embryogénistes, deviendra plus tard une vertèbre.
Voilà l’origine de la colonne vertébrale. » (C. Renooz, L’Ère de vérité, histoire de la pensée humaine et de l’évolution morale de l’humanité à travers les âges et chez tous les peuples, Livre premier. Le Monde primitif, Paris, Marcel Giard, 1921, p. 20-22, cité par M. Décimo, Sciences et Pataphysique…, t 1, p. 567-569)



Pour d’autres, certains hommes pourraient bien être d’origine atlante. Et cela comporterait de multiples avantages. À l’encontre des théories indo-européennes, le continent Atlante, englouti, disparu, se situerait, à la faveur d’un jeu de mots, dans l’océan Atlantique (ch. VII). Tel est la thèse que défendent par exemple certains théoriciens nazis au début du XXsiècle, parmi lesquels le Germano-Balte Alfred Rosenberg (1893-1946), qui soutient dans son ouvrage Mythe du XXe siècle : bilans des combats culturels et spirituels (Der Mythus des 20 Jahrunderts, eine Wertung, der seelisch-geistigen Gestalten Kampfe unserer Zeit, Munchen, Hoheneichen, 1932) « que les Atlantes ont engendré “la race germanique”, puis que ces héros germains ont gagné la Palestine pour l’ensemencer de fiers Galiléens ». « Tantôt Atlantes de l’océan Atlantique, tantôt Aryens des hauts plateaux iraniens, ils n’ont d’autre origine que celle de n’être surtout pas Juifs et, puisqu’il est supposé supérieur, Jésus ne saurait l’être. La thèse d’un Jésus atlanto-germanique sera reprise et bientôt enseignée dans les universités allemandes par, entre autres, Albert Herrmann (1886-1945) à Berlin (Unsere Ahnen und Atlantis ; nordische Seeherrschaft von Skandinavien bis nach Nordafrika, Berlin, Klinkhardt & Biermann, 1934, 168 p.), thèse à laquelle était très attaché le S.S. Himmler. » (M. Décimo, Sciences et Pataphysique…, t 1, p. 623) « Dans sa tendance la plus contemporaine, ajoute M. Décimo (Ibid.), le Celte et Jésus sont parachutés par une soucoupe et les ancêtres sont extra-terrestres. »).

Tout cela prouve une fois de plus la supériorité de l’Occident sur l’Orient

Mais n’est-ce pas là encore une voie de faire entendre ce que le Français de souche est : une sorte de consanguin qui court à sa perte, à l’extinction de sa race ? L’expérience de la colonisation causera problème. Que faire de ces colonisés, qui n’ont pas droits, suivant cette logique, au statut de français ? (ch. VIII). Il s’agira de trouver des critères de différenciation… de distinguer le Gaulois – Français, par exemple, parfaitement reconnaissable, de l’Allemand… (ch. IX). Rien de plus simple, par exemple, pour le docteur Edgar Bérillon (1859-1948). Le Celte est facilement reconnaissable. À preuve, cette observation réalisée chez les Scandinaves : « [On connaît] les Scandinaves comme des gens taciturnes, sobres de mouvement, mimiques pleines de réserve, pas expansifs, ni communicatifs. Mais allez à Bergen, une des grandes villes de Norvège, vous y verrez, au contraire, des gens gais, bruyants, à gesticulation excentrique et exubérante. Qu’est-ce à dire ? Il fait pourtant froid à Bergen ! Pourquoi donc la mimique y est-elle toute autre qu’à Drontheim et à Christina ? C’est qu’à Bergen, on a importé il y a bien des siècles, un grand nombre d’esclaves irlandais. Avec le sang celtique se sont introduites la télégraphie des gestes et la vivacité de la mimique. Vous avez comparé entre eux des gens habitant la Norvège, mais issus de races différentes. » (E. Bérillon, Les Caractères nationaux. Leurs facteurs biologiques et psychologiques, Paris, Secrétariat de l’association, 1920, p. 23, cité par M. Décimo, Sciences et Pataphysique…, t 1, p. 715).



Pas étonnant après ça de voir exhumés comme preuves d’implantation sur place depuis toujours de fausses ruines et de fausses découvertes archéologiques (ch. X). Telle est la conviction d’Olivier Brenot (1869-1938) notamment, dont M. Décimo narre l’extraordinaire histoire... Enjoint par Dieu en 1917 de restaurer le culte idolâtrique d’Oblinc, Brenot découvre, non loin de chez lui (il habite le lieu dit Latouche Madrolles, près de Pouligny-Saint-Pierre dans l’Indre), « que les “rognons de silex à patine des alluvions quaternaires” (ou “pierres chignières” selon les cultivateurs locaux), qui jonchent son champ et même toute la rive droite de la Creuse, seraient en fait des sculptures gauloises et les restes du culte phallique d’Oblinc. Ces nodules de silice cristallisée, aux formes irrégulières, avec des protubérances et des creux, et enrobées de calcaire blanc, l’incitent à l’interprétation paranoïaque-critique et disons anthropomorphique par métonymie. Ces roches sont des phallus. Dit autrement, il voit des bites partout, dans n’importe quel caillou qui traîne. » (M. Décimo, Sciences et Pataphysique…, t 1, p. 897).



Dans le tome II, Marc Décimo s’active à montrer qu’à partir de ces tentatives, la science (celle de Michel Bréal, 1832-1915, et de Ferdinand de Saussure, 1857-1913) trouvera moyen de s’arracher à ces spéculations en inventant l’université. Le principe est simple : il faut former les gens, éradiquer les fausses croyances qui attisent les guerres, combattre les idées fausses. Il faut entretenir la recherche, créer des sociétés savantes, des revues, mais également former des vulgarisateurs capables d’informer les gens. Cela repose sur cette grande idée qui suppose que la formation de l’élite finira un jour ou l’autre par rejoindre, par redescendre sur l’ensemble de la population. Cela consiste chez Bréal et Saussure à rejeter toutes les idées préconçues sur les langues. Apprendre à les décrire signifie aussi les respecter, toutes.
Ainsi faudrait-il donc prendre acte, en France comme au Québec.

Marc Décimo : Sciences et pataphysique, Dijon, Les presses du réel, collection Hétéroclites, 2014, 18 x 25,5 cm (ill. n&b).
*t. I : Origines en tout genre. Savants reconnus, érudits aberrés, fous littéraires, hétéroclites et celtomanes en quête d’ancêtres hébreux, troyens, gaulois, francs, atlantes, animaux, végétaux, aryens, extraterrestres et autres ? 1056 pages.
*t. II : Comment la linguistique vint à Paris. De Michel Bréal à Ferdinand de Saussure, 408 p.

mercredi 4 novembre 2015

L´Affaire Théophile ou la (re)naissance de l´obscénité






L´Affaire Théophile ou la (re)naissance de l´obscénité
Antonio Dominguez Leiva
Le Parnasse satyrique ou Parnasse des poètes satyriques est un recueil collectif de textes licencieux édité pour la première fois sous le manteau en 1622 qui rassemble 166 pièces libertines et satiriques jouant avec diverses formes - sonnets, épigrammes, stances, odes, etc.-, la plupart anonymes (120) et inédites (125), conjuguant trois générations d´auteurs et s´inscrivant dans un mouvement de parutions qui fait florès depuis le début du XVIIe siècle et connait un réel succès de librairie avec des titres comme La Muse folastre (1600), Les Muses gaillardes (1609) ou Le Cabinet satyrique (1618). Si les premiers recueils se situaient dans le sillage des poésies érotiques de Ronsard et la Pléiade plus galante, l’évolution du genre "satyrique" (à la confluence de la satyre et de la créature mythologique érigée en "sex machine" du Panthéon classique) s'oriente nettement vers le libertinage, la paillardise et la grossièreté dans un style « bouffonnique » qui ne semble toutefois pas inquiéter les autorités religieuses et civiles, plutôt alarmées par la parution en 1620 des Quatrains du Déiste, recueil qui s´inspire de la Sagesse de P. Charron pour promouvoir des doctrines panthéistes tout en ridiculisant nombre des prétendues vérités révélées chrétiennes. Une double menace va se profiler dès lors aux yeux des dévots, celle d´une alliance entre l´hétérodoxie militante du libertinage érudit et la représentation du libertinage des mœurs chère aux « satyristes ».
Comme le résume un sixain de Colletet à l´intérieur même de l'ouvrage, le Parnasse satyrique  est une sorte de gigantesque partouze lyrique:
"Tout y chevauche, tout y fout,
L'on fout en ce livre par tout,
Afin que le lecteur n'en doute ;
Les odes foutent les sonnets,
Les lignes foutent les feuillets,
Les lettres mêmes s'entrefoutent !"
Qui plus est, le recueil débute par un sonnet signé dans certaines éditions du nom de « Théophile » dont l'éloge de l'homosexualité et de la sodomie sous forme de parodie de prière semble, comme d'autres pièces de l’ouvrage, franchir pour certaines autorités les limites du supportable par une double transgression alliant jouissance érotique et blasphème... Voici ce célèbre "sonnet sodomite" (ainsi baptisé par l´érudit satyrologue bien nommé Lachèvre):
« Phyllis, tout est foutu, je meurs de la vérole,
Elle exerce sur moi sa dernière rigueur :
Mon vit baisse la tête et n’a point de vigueur,
Un ulcère puant a gâté ma parole.

J’ai sué trente jours, j’ai vomi de la colle ;
Jamais de si grands maux n’eurent tant de longueur :
L’esprit le plus constant fût mort à ma langueur,
Et mon affliction n’a rien qui la console.

Mes amis plus secrets ne m’osent approcher ;
Moi-même, en cet état, je ne m’ose toucher.
Philis, le mal me vient de vous avoir foutue !

Mon Dieu ! je me repens d’avoir si mal vécu,
Et si votre courroux à ce coup ne me tue,
Je fais vœu désormais de ne foutre qu’en cul ! »
La « muse syphilitique » préside ainsi à la création satyrique ; de fait, Théophile y reviendra dans « Les chancres m´ont laissé sécher", "Marquis comment te portes-tu?" et "Personne ne me veut baiser ».  Alliée à l´ « esthétique de la laideur » toute baroque qui carnavalise le diktat classique du Kalos kagathos, cette MST des Temps Modernes devient elle-même gage de rupture esthétique ; un siècle plus tard Voltaire remarquera à juste titre l´absence de référents classiques à la vérole, « novum » virologique qui va de pair avec la modernité poétique: « Deux choses prouvent, à mon avis, que nous devons la vérole à l'Amérique : la première est la foule des auteurs, des médecins et des chirurgiens du seizième siècle qui attestent cette vérité; la seconde est le silence de tous les médecins et de tous les poètes de l'antiquité, qui n'ont jamais connu cette maladie, et qui n'ont jamais prononcé son nom (…). Les poètes, aussi malins que les médecins sont laborieux, auraient parlé, dans leurs satires, de la chaude-pisse, du chancre, du poulain, de tout ce qui précède ce mal affreux, et de toutes ses suites : vous ne trouvez pas un seul vers dans Horace, dans Catulle, dans Martial, dans Juvénal, qui ait le moindre rapport à la vérole, tandis qu'ils s'étendent tous avec tant de complaisance sur tous les effets de la débauche » (Œuvres, v. XXXI, 5).
“By  attributing responsibility for his sickness to Phylis -clearly a word-play on "Si-Phylis"- Théophile not only repudiates her and the disease, but the poetry of which they are the object”, écrit R. Ganim. “The inspiration for Théophile´s earlier work has now turned into a kind of anti-Muse, destroying the poet´s creativity as well as his health”. À travers cette déconfiture de Phylis c´est tout l´attirail de l´élégie érotique romaine (déjà elle-même traversée d´ironie et menacée de dégradations langagières et corporelles burlesques) avec ses Cynthies et ses Lesbies qui se retrouve  à proprement parler « vérolé » (ainsi que leurs émules de la Renaissance, telle la Cassandre ronsardienne). Mais alors que plusieurs « satyristes » se délectent dans une paradoxale reprise de la pastorale chrétienne sur les affres de la chair péchéresse, « Théophile perceives, describes, and accepts two opposing aspects of sexuality: its constructive and its destructive qualities. (...) To the extent that sexuality brings physical pleasure, affection and love, it is a positive force. To the extent that it recalls human temporality, loneliness, and physical decomposition, it is a negative force (...). In his poem "Phylis tout est foutu..." both perceptions appear in comic confrontation. The poet expresses fear of sexuality as a source of sickness and death; however, he also fears isolation from future love-making" (Claire Gaudiani, The Cabaret poetry of Théophile de Viau, 46-7).
Le scandale, toutefois, viendra de la parodie de litanie qui clot le sonnet :  « the final tercet brings about a signifi cant change in the sonnet’s tone. The idea of making a ‘bargain’ with God to have only anal intercourse if the Almighty spares his life removes any trace of seriousness the poem might contain. (...) In the current poem, the mock prayer satirizes the devotional lyric of the Baroque era, while showing that, despite his suff ering, Théophile has retained his verbal bite (...) subverting certain aspects of the religious Baroque in that sensuality leads not to death and redemptive ecstasy but to pain and death as ends in themselves. Spirituality, if it is to be considered at all, should be looked upon with derision or incredulity. As far as the relationship between the Baroque and the scatological is concerned, a􀄴 ention to human refuse allows the poet to concentrate on the reality of the body in order to subvert the illusions of the soul." (Ganim, 82-83).
Cette fois c´en est trop. "En avril 1623 – avec un privilège de l’année 1622 – paraît le Parnasse satyrique, recueil de poèmes licencieux dont le premier, signé Théophile, se clôt sur un vœu de pratiquer la sodomie de manière exclusive. À l’instigation du Père Garasse, de la Compagnie de Jésus, et sur la requête de Mathieu Molé, Procureur général du Roi, un premier arrêt du Parlement de Paris, daté du 11 juillet 1623, ordonne l’arrestation de Théophile. Celui-ci prend la fuite et trouve refuge à Chantilly chez les Montmorency. En son absence, deux arrêts successifs du Parlement de Paris, datés des 18 et 19 août 1623, ordonnent sa mise à mort par contumace.
"...que les nommez Theophille, Berthlot, Colletet et Frenide (sic), (...) ont composé, faict imprimer et exposer en vente le livre intitulé le Pernasse Satiricque, contenant les blasphèmes, sacrilèges impiétés et abominations14 y mentionnées contre l’honneur de Dieu, son Esglize et honnesté publicque, dont ilz se repentent et en demandent pardon à Dieu, au roy et à justice, ce faict menez et conduictz en place de Grève de cette dicte ville, et ledit Theophille bruslé vif, etc."
Analogie donc et fusion du supplice de l´œuvre et de l´auteur, tous deux condamnés à périr dans les flammes.  Le  supplice de l´autodafé –le mot désigna d´abord les exécutions d´hérétiques- marque une logique de la purification qui « est en fait épuration, effacement de la trace impure, réduction du livre sacrilège à l´immatérialité d´une rumeur » (Abramovici, 26). « Les cendres des combats de la Réforme sont encore chaudes : Étienne Dolet, imprimeur entre autres de Rabelais et Marot, grand humaniste, est pendu et brûlé le 3 août 1546, jour de la foire du livre de Lyon (…) Sort identique pour le philosophe athée Vanini, brûlé à Toulouse le 19 février 1619 » (id).
Le Poète est aussitôt brûlé en effigie avec ses œuvres : le Parnasse satyrique, et les deux éditions de ses œuvres parues respectivement en 1621 et en 1622. Au même moment, le P. Garasse fait paraître la Doctrine curieuse, qui série et disqualifie les maximes des beaux esprits, dont Théophile est présenté comme le chef de file. En septembre 1623, celui-ci est repéré par des espions, pris de corps et enfermé dans la Grosse Tour de la Conciergerie. S’ouvre alors son procès, au terme duquel sa condamnation à mort sera transformée en condamnation à l’exil. Théophile obtient finalement du Roi l’autorisation de rester dans le Royaume de France, mais meurt peu de temps après sa libération, en 1626, épuisé par ses années de captivité" (M. Dupas). Captivité dans des conditions aussi pénibles qu´il dut faire une des premières grèves de la faim en guise de protestation, tandis que, « dans une lâche unanimité, les cercles littéraires de la capitale [l´abandonnent] » (D. Foucault, 296).
Garasse mobilise la catégorie de sodomie dans la Doctrine curieuse pour disqualifier à la fois les écrits et les mœurs de Théophile: "quand ces jeunes desbauchez [du bon vieux temps, on suppose] avoient contracté par leur excez quelque maladie honteuse, ils n’en faisoient pas trophée, et n’en composoient pas des sonnets et des odes pour le publier à tout le monde, comme Théophile a fait de sa sueur infâme et puante au commencement du Parnasse Satyrique, posant une partie de sa gloire à ce que tout le monde sçache qu’il est un vilain poacre..."
Et le docte lettré de demander donc une punition exemplaire et maximale: "je ne vois point de supplices assez grands pour nos dogmatisants, qui n’ont en leurs parolles que blasphèmes & impietez, en leurs actions que brutalitez et Sodomies, en leurs escritz que trophées de leurs impudicitez, en leur hantise, que corruption de ieunesse, en leur visage qu’impudence, en leur âme que trahison, en leurs corps que les marques de leurs sueurs, dont ils se vantent eux-mêmes par leurs livres imprimez, afin que personne n’en pretende cause d’ignorance"
L’interrogatoire préparé par Mathieu Molé témoigne d’un souci constant de chercher dans les écrits de Théophile la preuve de ses mœurs sodomites. Dans le troisième interrogatoire du 27 mars 1624, le rapport est établi par deux fois entre les écrits et les pratiques sexuelles du poète (qui a entretenu une relation homosexuelle assez notoire avec Jacques Vallée Des Barreaux):
    Demande – S’il n’a pas dit en plusieurs lieux qu’il ne voulloit poinct d’amityé avec beaucoup de persones pour ce qu’ilz n’estoient ny paillardz, ny yvrognes, ny bougres.
    Demande – S’il ne s’est pas vanté d’avoyr eu compagnie charnelle des garsons et s’il n’a pas dit en termes fort salles que quand il s’en abstenoit il estoit tourmenté d’une chaude pisse.
Contre cette volonté de rabattre le texte sur le corps même de l´auteur (piège herméneutique dont on est loin de s´être débarrassé), Théophile lui-même affirmera dans son Apologie que « Faire des vers de Sodomie ne rend pas un homme coulpable du faict ; poëte & pederaste sont deux qualitez differentes ». Mais la sodomie n´est pas seule en cause, loin s´en faut (cet aspect sera de fait longtemps passé sous silence par une critique pudibonde) ;  une autre scène fantasmatique transforme le détournement de la topique lyrique en véritable Urzene transgressive alliant sexualité libertine et profanation sacrilège. Ainsi la Déposition de Gabriel Dange évoque-t-elle les accusations d´un nommé Morel qui « disait avoir vu des vers dudit Théophile entre les mains d´un gentilhomme, qu´il avait faits étant en l´église Saint-Eustache, ayant vu sa maîtresse avait branlé la pique en même temps et fait des vers sur ce sujet que le dit Morel avait récités audit déposant, et dont il est souvenant d´une partie, contentant :
« L´autre jour, je vis dans un temple
Des beautés qui n´ont point d´exemple,
 Où, malgré le respect du lieu,
Mon vit, levant sa rouge crête,
Jugea que vous étiez plus prête
À chevaucher qu´à prier Dieu.

Si nous eussions eu la licence
Comme au siècle de l´innocence,
Pour exécuter nos dessins,
Je veux que le diable me tue
Si je ne vous eusse foutue
À la barbe de tous les saints »
L´accusation procède ici encore à la même opération, transformant le détournement poétique (qui joue notamment sur l´ambivalence du terme « temple », nourri des échos de la poésie classique païenne) en pièce à conviction, alliant l´acte même d´écriture à la scène décrite ainsi que « l´acte d´énonciation » qui serait ici acte (doublement) masturbatoire, singulière « mélecture » du poème qui n´en porte pas la trace. L´onanisme revient par ailleurs à plusieurs reprises dans le réquisitoire, annonçant la grande panique des Lumières, comme le prouve le 3e interrogatoire du 27 mars 1624 :
« Demande : S´il n´a pas fait des vers sur le sujet d´un branlement de pique qu´il disait être capable de faire ressusciter les morts, dont le refrain était à la fin de chaque couplet : « Et tu me branleras la pique », disant qu´il en avait fait un gros bataillon, faisant allusion sur le mot de pique »…
Suivi, le 15 juin, de cette autre demande : S´il n´a pas aussi composé et récité les vers qui s´ensuivent :
« Pour apaiser ma fureur lubrique,
Je mettrai mon vit en ton poing
Et tu me branleras la pique ».
La masturbation ne rime pas seulement, à l´enseigne de la sexualité « contra naturam », avec sodomie au titre de la dépense luxuriante qui n´a que faire de l´impératif génésiaque, mais aussi, on le devine, avec l´acte poétique lui-même où s´affirme une individualité qu´on dira « moderne », affranchie des anciennes règles autant scripturales que morales. Que l´obscénité paraisse, dès lors, comme l´extrême pointe de la modernité littéraire est hautement significatif (comme le sera, au XVIIIe, la dénonciation du roman, emblème ultime de la « pandémie onaniste »[1]).
Ce procès fut, si l´on peut jouer de l´anachronisme, très « médiatisé , déclenchant une mobilisation pamphlétaire en une guerre de libelles sans précédent où s’affrontèrent, autour de la figure emblématique de Théophile de Viau,  partisans et adversaires du libertinage. L'affaire signera en fait l´arrêt de mort du sous-genre « satyrique » et un point d´inflexion condamnant le mouvement libertin à une forte clandestinité jusqu'à son retour au grand jour au XVIIIe siècle. Moins chanceux que son ami Théophile, Claude le Petit périra sur le bûcher en 1662.
En outre,  pour J. C . Abramovici ce procès, avec lequel il ouvre son étude sur Le livre interdit, marque la constitution d´une catégorie nouvelle, celle de « l´obscénité ». Alors que la parole sacrilège était jusque-là simplement l´une des manifestations de l´irréligion, l´interdit va désormais « [s´imposer]  progressivement à tout propos public contenant des idées ou des mots malséants, hors de toute considération de genre ou de finalité (…). Le combat entre croyant et hérétique est absorbé par la hiérarchisation sociale des niveaux de langue » (27). Ce que Joan DeJean constate aussi dans The Reinvention of obscenity, l’obscénité étant à partir de ce procès progressivement réduite à sa dimension langagière : "Rather than a synonym for the vaguely defined « filthy living », Garasse makes obscenity fully a speech crime : dangerous words pronounced by dangerous men of letters".
Du coup s´ouvre pour la modernité un nouvel espace du champ littéraire (alors, comme l´on sait, en pleine réorganisation) marqué par l´exclusion qui le fonde: « Qu´est-ce qui, en définitive, constituera pour la conscience moderne l´obscénité d´un livre ? La crudité des représentations sexuelles ? la liberté du ton? La dévalorisation des fondements éthiques de la société ? la contestation du pouvoir ? » (Abramovici, 29). Ce sera un mélange mouvant de tout cela, marqué de fait par le cercle vicieux de la stigmatisation tautologique (en gros, c´est obscène parce que c´est obscène). Très ironiquement, le réquisitoire du père Garasse (la Doctrine curieuse) fera à son tour les frais de ce nouveau régime, censuré lui aussi,  le père Ogier trouvant qu´il étalait de façon trop complaisante les exemples de cela même qu´il reprouvait, se faisant ainsi complice de l´abomination qu´il prétendait honnir (« Il vous faut quitter l´habit vénérable de religieux que vous portez et prendre celui de tabarin, son chapeau, son épée de bois et tout son attirail bouffonnesque, ou il vous faut changer de termes, et parler d´autre chose »).
C´est en somme une des premières paniques morales d´une modernité qui en verra bien d´autres, qu´elle nous léguera, hélas, à notre hypermodernité de plus en plus obsédée par "l´envie du pénal" d´un prétendu « Empire du Bien » (P. Muray) tant à gauche qu´à droite, toujours en quête de nouvelles croisades morales des "braves gens" contre ceux qui "ne suivent pas la même route qu´eux" comme chantait si bien Brassens.
Biblio
 Frédéric Lachèvre, Le Procès du poète Théophile de Viau, Honoré Champion,‎ 1909 (lire en ligne)
J. C . Abramovici, Le livre interdit, Payot, 1996
Matthieu Dupas, « La sodomie dans l’affaire Théophile de Viau : questions de genre et de sexualité dans la France du premier xviie siècle » (en ligne sur https://dossiersgrihl.revues.org/3934)
Joan DeJean, The Reinvention of Obscenity. Sex, lies and tabloïds in early modern France
D. Foucault, Histoire du libertinage, Perrin, 2007
Ganim Russell J., "Pissing Glass and the Body Crass: Adaptations of the Scatological in Théophile" (2004). Faculty Publications -Modern Languages and Literatures, 82-83)


[1] Je me permets de renvoyer à mon “Ces lectrices qui se caressent : théorie de la contagion érotique », disponible en ligne sur http://etudesculturelles.weebly.com/lecteurslectrices.html