0%
halal, 0% casher, 100% français
Tanka G.
Tremblay
Le 28 février
dernier se tenait à Montréal, dans un lieu tenu secret, une troublante
conférence de trois militants issus du groupe néofasciste italien CasaPound. Organisée
conjointement par la Fédération des Québécois de souche (FQS) et La Bannière
noire, elle se voulait une occasion de plus pour les activistes
d’extrême-droite de festoyer et de se manifester en sol canadien. Car, on ne
s’en étonnera point, les groupes de cet ordre pullulent, ici comme ailleurs.
La rhétorique n’est pas nouvelle. Le combat se veut juste et
louable. Et le cas de la Fédération des Québécois de souche (FQS) est
exemplaire. La FQS est connue notamment dans la région du Saguenay
Lac-Saint-Jean pour ses faits d’armes à saveur douteuse (comme celui auquel
renvoie le titre du présent compte rendu – « 0% halal, 0% casher, 100%
Québécois », une campagne lancée au printemps 2014 pour dénoncer
l’apparition soudaine sur le marché québécois de sirop d’érable certifié halal
et casher). La FQS, dont le site Internet est éloquent
(http://quebecoisdesouche.info/), est ainsi décrit dans la foire aux questions
dudit site comme « un organe de diffusion qui fait la promotion du
maintien de notre poids démographique, en plus de valoriser et partager notre
patrimoine culturel, tout en luttant pour nos intérêts ethniques et “raciaux”,
pour reprendre la terminologie du gouvernement fédéral. »
On ne saurait être trop prudent face à l’envahisseur… L’air est
lourd de menaces. « Il se trouve que les politiques d'immigration
actuelles et les courants idéologiques dominants vont à l'encontre de nos
intérêts. Nous sommes donc parfaitement dans notre droit de chercher à défendre
nos intérêts et, au besoin, de dénoncer les politiques qui nous nuisent collectivement.
D'ailleurs, aucun peuple fondateur n'a avantage à se voir constamment dénigré
et mis en minorité sur son territoire. »
L’invasion serait-elle imminente ? Le glas des « Québécois
de souche », formant à bon droit pour la FQS la « nation
québécoise », aurait-il sonné ? « Le comble de l'hypocrisie
serait de permettre à chaque groupe ethnique de s'organiser et de se défendre
collectivement, tout en refusant ce même droit à la majorité historique. Nous
réclamons l'égalité devant la loi. Bien qu'étant contre la politique
gouvernementale du multiculturalisme, nous pouvons utiliser le cadre de
celle-ci pour promouvoir nos intérêts et démontrer en quoi elle nous est
nuisible en tant que majorité historique et peuple fondateur. »
« Québécois de souche », « nation québécoise »,
« peuple fondateur »… Le choix des termes n’est pas fortuit.
« Le terme “de souche” fait référence à la souche française fondatrice et
à ses descendants. Nous opposons donc une conception de “droit du sang” à celle
du “droit du sol” ou de “nationalisme civique”. Pour nous, la nation est une
famille élargie. Autrement dit, pour être un Québécois de souche (française),
il suffit d’être descendant direct des colons français d’origine. Notre nom
fait donc référence aux descendants des 2600 fondateurs de la Nouvelle-France
qui, selon le Programme de recherche en démographie historique de l'Université
de Montréal, constitue aujourd’hui la majorité de la population québécoise,
soit environ 6 millions d’individus qui peuvent retracer leurs origines à ces
fondateurs. » Suivant cette logique, « lorsqu’on parle d’origine
ethnique, la majorité des Européens sont des “frères” - la différenciation se
fait principalement par la langue et la culture - même si ceux-ci sont très
similaires vis-à-vis de ceux qui sont d’origine extra-européenne. Dans le
passé, une immigration limitée irlandaise, écossaise, et même allemande s’est
greffée à la population d’origine française pour y adopter les us et coutumes
ainsi que la langue, et faire partie de la famille par mariage et ainsi de
suite. Les descendants de ceux-ci, partageant le sang français, sont donc
d’authentiques “de souche”. Nous faisons remarquer aussi que l’héritage
culturel et religieux de ces gens était très similaire au nôtre et ne menaçait
en rien la souche originale si ceux-ci s’intègrent à la nation. »
Qu’en est-il des autres ?
Des immigrants qui ne sont pas d’origine européenne ? Ils ne
sauraient en être de même pour la FQS : « les membres souvent n’ont
pas de parenté ethnique, linguistique, religieuse ou culturelle et c’est là
qu’il y a rupture avec la souche sur tous les points de vue. »
Les Québécois de souche, c’est un fait très clair pour la FQS, « sont
issus de familles spécifiques du temps de la Nouvelle-France (c’est encore le
cas pour la majorité de la population actuelle du Québec). Un immigrant
français peut donc être un “Français de souche” sans être un Québécois de
souche, même si ethniquement, ils sont identiques. Cela va de soi puisqu’il y
eut une rupture de contact entre la mère patrie et la colonie depuis 1760. Mais
tout comme les Irlandais, Écossais et Allemands auparavant, les descendants de
l’immigrant français peuvent facilement se greffer à notre peuple en y causant
aucun tort ou modification. »
« … aucun tort ou modification »… le vocabulaire est
choisi… et précis. Ce n’est guère surprenant : quand la science tricote
avec l’imaginaire, elle est capable du meilleur comme du pire. Si la question
des « Québécois de souche » semble désormais réglée, du moins pour la
FQS, celle des « Français de souche », dit « ethniquement
identiques » à leurs cousins, à laquelle elle renvoie, ne l’est point. Du
moins ne l’était-elle point jusqu’à il y a peu. C’était sans compter sur l’apport
considérable de Marc Décimo, qui vient combler le vide avec ses deux tomes de Sciences et Pataphysique, parus il y a
quelques mois.
La question centrale des ouvrages – comment la science fricote avec
les préjugés, avec toutes ces tentatives érudites et souvent farfelues (tome
I), et comment elle s’en arrache péniblement (tome II) – vient bouleverser les
idées reçues sur le fait français. Plutôt que de reprendre la ritournelle
habituelle, Marc Décimo s’empare de ces déterminations, de ces fantasmes de
puissance (qui tourne souvent autour de la même grande idée : la
supériorité face au voisin, qui d’ailleurs a la même prétention), qui sont
portées, la plupart du temps, par des réflexions sur la langue, sur la race, et
en trace un parcours, qui s’étend des celtomanes Jacques Le Brigant (1720-1804)
et Théophile Malo Corret de La Tour d’Auvergne (1743-1800) (il s’imaginent que
le breton est la langue-mère) (ch. I) à aujourd’hui. Sont ainsi examinés,
chapitre après chapitre, les grands pans de ce parcours, de ces zones de
savoirs et de non-savoirs qui, alimentés par une Révolution française qui
aurait dû en principe régler ces questions, flirtent tous autant qu’ils sont
avec ces mots en apparence porteurs de sens, comme identité, langue, race, religion,
occupation d’un territoire, mais qui en réalité n’en arrachent pas moins par
leur absence de sens. Les régions de France qui, pour des raisons politiques, les
patois ayant été étouffés par la République, vont reprendre ces traditions pour
conforter leur identité, seraient-elles de la même trempe que les régions du
Québec ? Les modèles s’affrontent. Les démonstrations et les preuves sont
multiples. Il y a ceux qui, comme le soi-disant celte-atlante Charles-Joseph de
Grave (1736-1805) (ch. II) s’approprie les grands esprits, démonstrations
topographiques à l’appui, pour ce faire – il prétend dans un ouvrage paru en
1806, quelques mois après sa mort, qu’Ulysse a fait son parcours dans les
Flandres et qu’Homère est Belge. On se bornera à citer le titre complet, qui à
lui seul suffit pour comprendre les intentions de l’auteur :
« République des Champs Élysées, ou MONDE ANCIEN, Ouvrage dans lequel on démontre principalement : Que les
Champs élysées et l’Enfer des Anciens sont le nom d’une ancienne République
d’hommes justes et religieux, située à l’extrémité septentrionale de la Gaule,
et surtout dans les îles du Bas-Rhin ; Que cet Enfer a été le premier
sanctuaire de l’initiation aux mystères, et qu’Ulysse y a été initié ; Que
la déesse Circé est l’emblème de l’Eglise élysienne ; Que l’Elysée est le
berceau des Arts, des Sciences et de la Mythologie ; Que les Elysiens,
nommés aussi, sous d’autres rapports, Atlantes, Hyperboréens, Cimmériens,
&c., ont civilisé les anciens peuples, y compris les Egyptiens et les
Grecs ; Que les Dieux de la Fable ne sont que les emblèmes des institutions
sociales de l’Elysée ; Que la Voûte céleste est le tableau de ces
institutions et de la philosophie des Législateurs Atlantes ; Que l’Aigle
céleste est l’emblème des Fondateurs de la Nation gauloise ; Que les
poètes Homère et Hésiode sont originaires de la Belgique, &c. »
C’est encore le cas de La
tribune des linguistes (1854-1860) (ch. III), une des premières
sociétés de linguistique, qui fonctionne sur ces bases tout en croyant y
échapper : ils sont progressistes, défenseurs de l’anticatholicisme, mais
croient aux esprits (spiritisme) – et son héraut, Casimir Henricy (1814-1901),
provençal, pense que la langue-mère est le provençal !.
« La source [du français] est le provençal, c’est-à-dire la
langue gauloise, toujours concentrée et conservée dans son foyer primitif, La
Gallo-Ligurie. La création, à une époque aussi reculée, d’une langue si
supérieure aux autres, mère du latin, − qui a failli devenir universelle, −
mère du français, − qui tend à le devenir, − mère de toutes les langues les plus
claires, les plus riches, les plus belles, les plus harmonieuses et les plus
répandues qui existent de nos jours, cette création est, à nos yeux, le plus
beau titre de gloire de notre race ; car le langage c’est l’initiation à
la vie intellectuelle, c’est le lien qui doit unir un jour tous les membres
épars de l’humanité. » (C. Henricy, « La langue
universelle », La Tribune des
linguistes, t. I, 1858, p. 377, cité par M. Décimo, Sciences et Pataphysique…, t 1,
p. 223).
On peut bien sûr trouver des preuves ethnologiques, comme la
coiffure, pour démontrer les liens de parenté. Les extensions anthropologiques
sont une autre preuve (ch. IV). Ainsi par exemple l’architecte Henri
Espérandieu (1829-1874) établit-il en jouant sur la comparaison de formes une
corrélation entre coiffure et toiture.
Dans tous les cas s’expriment cette crainte de l’étranger, ce refus
de venir d’ailleurs. C’est encore ce qui est démontré au chapitre suivant sur
ces Gaulois qui apprennent à lire avec la lune, non loin de Paris, là où est
né, plus tard, La Fontaine ! (ch. V). Les tentatives d’explication
des origines de l’homme et des civilisations ne sont pas en reste. Pour Henri
Lizeray (1844-1905), cela ne fait pas de doute, Jésus fut gaulois (Henri
Lizeray, 1844-1905). Pour Céline Renooz (1840-1928), l’homme est d’origine
végétale et enracine dans le sol le Gaulois, le Français (ch. VI).
« L’homme cherche partout à son image,
ou sa ressemblance, méconnaissant ainsi la grande loi de l’évolution qui change
incessamment les formes, les organes, les tissus. Figurez-vous un kaléidoscope
en rotation continuelle, et nous présentant sans cesse de nouveaux dessins,
issus les uns des autres, cependant. Pourquoi voulez-vous que les derniers
ressemblent aux premiers ?
Donc les formes ancestrales ne ressemblent
pas à l’homme.
Mais, alors, à quoi ressemblent-elles ?
À l’arbre, − à l’arbre qui s’accroît, qui se
modifie, qui se transforme, qui, longtemps,
évolue à la même place sans rencontrer la mort, cette interruption qui
abrège nos existences et qui n’existe pas pour l’arbre de vie.
Demandons à l’ébauche de l’enfant qui va
naître quelles sont les phases de la vie végétale qu’il reproduit, car, par une
loi merveilleuse de la nature, les recommencements retracent mot à mot les
commencements.
C’est par une cellule que tout organisme
commence.
Une cellule, qu’est-ce ?
Un petit globule, petit, petit, que le
microscope nous révèle. Mais tous ne sont pas semblablement constitués. Celui
qui commence la vie humaine, l’ovule fécondé, commence, de même, la vie
végétale des organismes supérieurs, et cette aristocratie du monde des plantes
se reconnaît à ses premiers organes pairs : les cotylédons, ces
avant-feuilles qui ne ressemblent pas à des feuilles, et qui ont valu à toute
la grande caste supérieure du monde végétal un nom barbare que j’aime mieux ne
pas dire.
Passons rapidement. Voici une tige tout
entière faite de ces mêmes cellules ; l’embryon de l’homme n’est, d’abord,
que cela. Puis elle se ramifie, dans deux directions – par en haut pour former
un bouquet de branchilles au sommet, par en bas pour former les racines. Même
ramification dans l’embryon. Cela s’appelle improprement : l’aire vasculaire.
Mais où donc est la tête, où donc les
membres ?
Cela va venir, mais en attendant et pour que
vous puissiez vous y reconnaître facilement, je vais vous expliquer tout de
suite le grand fait – ou plutôt le grand mystère – qui nous a caché, si
longtemps, notre origine végétale : c’est que l’arbre est renversé, non,
je me trompe, l’homme est renversé. Quand il est embryon, quand il est arbre,
il a la tête en bas, les jambes en haut.
Regardez donc les arbres que vous allez
observer pour y trouver tout ce que je vais vous décrire, comme des êtres renversés.
Maintenant continuons d’abord à construire
notre ébauche d’homme. Voici que la tige s’accroît, et remarquez bien
ceci : chaque année c’est un morceau de tige qui se forme et vient se
superposer à la tige antérieure, par en haut et par en bas. Tous ces fragments,
mis bout à bout, formeront la colonne vertébrale. Chaque pousse, que nous
appellerons mérithalle avec les
botanistes, protovertèbre avec les
embryogénistes, deviendra plus tard une vertèbre.
Voilà l’origine de la colonne
vertébrale. » (C. Renooz, L’Ère
de vérité, histoire de la pensée humaine et de l’évolution morale de l’humanité
à travers les âges et chez tous les peuples, Livre premier. Le Monde primitif,
Paris, Marcel Giard, 1921, p. 20-22, cité par M. Décimo, Sciences et Pataphysique…, t 1,
p. 567-569)
Pour d’autres, certains hommes pourraient bien être d’origine atlante.
Et cela comporterait de multiples avantages. À l’encontre des théories
indo-européennes, le continent Atlante, englouti, disparu, se situerait, à la
faveur d’un jeu de mots, dans l’océan Atlantique (ch. VII). Tel est la
thèse que défendent par exemple certains théoriciens nazis au début du XXe siècle,
parmi lesquels le Germano-Balte Alfred Rosenberg (1893-1946), qui soutient dans
son ouvrage Mythe du XXe
siècle : bilans des combats culturels et spirituels (Der Mythus des 20 Jahrunderts, eine Wertung,
der seelisch-geistigen Gestalten Kampfe unserer Zeit, Munchen, Hoheneichen,
1932) « que les Atlantes ont engendré “la race germanique”, puis que ces
héros germains ont gagné la Palestine pour l’ensemencer de fiers
Galiléens ». « Tantôt Atlantes de l’océan Atlantique, tantôt Aryens
des hauts plateaux iraniens, ils n’ont d’autre origine que celle de n’être
surtout pas Juifs et, puisqu’il est supposé supérieur, Jésus ne saurait l’être.
La thèse d’un Jésus atlanto-germanique sera reprise et bientôt enseignée dans
les universités allemandes par, entre autres, Albert Herrmann (1886-1945) à
Berlin (Unsere Ahnen und Atlantis ;
nordische Seeherrschaft von Skandinavien bis nach Nordafrika, Berlin,
Klinkhardt & Biermann, 1934, 168 p.), thèse à laquelle était très
attaché le S.S. Himmler. » (M. Décimo, Sciences et Pataphysique…, t 1, p. 623) « Dans sa
tendance la plus contemporaine, ajoute M. Décimo (Ibid.), le Celte et Jésus sont parachutés par une soucoupe et les
ancêtres sont extra-terrestres. »).
Tout cela prouve une fois de plus la supériorité de l’Occident sur
l’Orient
Mais n’est-ce pas là encore une voie de faire entendre ce que le
Français de souche est : une sorte de consanguin qui court à sa perte, à
l’extinction de sa race ? L’expérience de la colonisation causera
problème. Que faire de ces colonisés, qui n’ont pas droits, suivant cette
logique, au statut de français ? (ch. VIII). Il s’agira de trouver
des critères de différenciation… de distinguer le Gaulois – Français, par
exemple, parfaitement reconnaissable, de l’Allemand… (ch. IX). Rien de
plus simple, par exemple, pour le docteur Edgar Bérillon (1859-1948). Le Celte
est facilement reconnaissable. À preuve, cette observation réalisée chez les
Scandinaves : « [On connaît] les Scandinaves comme des gens
taciturnes, sobres de mouvement, mimiques pleines de réserve, pas expansifs, ni
communicatifs. Mais allez à Bergen, une des grandes villes de Norvège, vous y
verrez, au contraire, des gens gais, bruyants, à gesticulation excentrique et
exubérante. Qu’est-ce à dire ? Il fait pourtant froid à Bergen ! Pourquoi
donc la mimique y est-elle toute autre qu’à Drontheim et à Christina ?
C’est qu’à Bergen, on a importé il y a bien des siècles, un grand nombre
d’esclaves irlandais. Avec le sang celtique se sont introduites la télégraphie
des gestes et la vivacité de la mimique. Vous avez comparé entre eux des gens
habitant la Norvège, mais issus de races
différentes. » (E. Bérillon, Les
Caractères nationaux. Leurs facteurs biologiques et psychologiques, Paris,
Secrétariat de l’association, 1920, p. 23, cité par M. Décimo, Sciences et Pataphysique…, t 1,
p. 715).
Pas étonnant après ça de voir exhumés comme preuves d’implantation
sur place depuis toujours de fausses ruines et de fausses découvertes
archéologiques (ch. X). Telle est la conviction d’Olivier Brenot (1869-1938)
notamment, dont M. Décimo narre l’extraordinaire histoire... Enjoint par
Dieu en 1917 de restaurer le culte idolâtrique d’Oblinc, Brenot découvre, non
loin de chez lui (il habite le lieu dit Latouche Madrolles, près de
Pouligny-Saint-Pierre dans l’Indre), « que les “rognons de silex à patine
des alluvions quaternaires” (ou “pierres chignières” selon les cultivateurs
locaux), qui jonchent son champ et même toute la rive droite de la Creuse,
seraient en fait des sculptures gauloises et les restes du culte phallique d’Oblinc. Ces nodules de silice
cristallisée, aux formes irrégulières, avec des protubérances et des creux, et
enrobées de calcaire blanc, l’incitent à l’interprétation paranoïaque-critique
et disons anthropomorphique par métonymie. Ces roches sont des phallus. Dit autrement, il voit des bites partout, dans
n’importe quel caillou qui traîne. » (M. Décimo, Sciences et Pataphysique…, t 1, p. 897).
Dans le tome II, Marc Décimo s’active à montrer qu’à partir de ces
tentatives, la science (celle de Michel Bréal, 1832-1915, et de Ferdinand de
Saussure, 1857-1913) trouvera moyen de s’arracher à ces spéculations en
inventant l’université. Le principe est simple : il faut former les gens,
éradiquer les fausses croyances qui attisent les guerres, combattre les idées
fausses. Il faut entretenir la recherche, créer des sociétés savantes, des
revues, mais également former des vulgarisateurs capables d’informer les gens.
Cela repose sur cette grande idée qui suppose que la formation de l’élite
finira un jour ou l’autre par rejoindre, par redescendre sur l’ensemble de la
population. Cela consiste chez Bréal et Saussure à rejeter toutes les idées
préconçues sur les langues. Apprendre à les décrire signifie aussi les
respecter, toutes.
Ainsi faudrait-il donc prendre acte, en France comme au Québec.
Marc Décimo : Sciences et pataphysique, Dijon,
Les presses du réel, collection Hétéroclites, 2014, 18 x 25,5 cm (ill. n&b).
*t. I : Origines
en tout genre. Savants reconnus, érudits aberrés, fous littéraires,
hétéroclites et celtomanes en quête d’ancêtres hébreux, troyens, gaulois,
francs, atlantes, animaux, végétaux, aryens, extraterrestres et autres ?
1056 pages.
*t. II : Comment
la linguistique vint à Paris. De Michel Bréal à Ferdinand de Saussure,
408 p.
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