L'iconographie du succube s'inscrit progressivement dans l'image démonisée de la femme dessus.
Dans cette gravure typiquement romantique la créature est monstrifiée, à la suite du Cauchemar grotesque de Füssli et du répertoire des formes goyesques.
Elle semble, par sa position, non seulement peser sur le ventre du rêveur (justification iconographique traditionnelle) mais aussi être le prolongement obscur de son sexe, écho de la tératologie phallique de moult gravure secrète du Romantisme.
La pine ailée constitue d'ailleurs une des figures privilégiées de cette tradition, remontant aux amourettes des fresques romaines.
La prostration de l'homme, aux traits subtilement féminisés, renvoie à la dépense sexuelle plus qu'aux affres d'un sommeil agité.
Il s'agit donc d'une vision littéraliste de la pollution nocturne (une des stratégies traditionnelles des succubes qui recueillaient ainsi la semence humaine dont ils avaient besoin pour se reproduire, selon les traités démonologiques), intériorisation du surnaturel traditionnel qui accompagne la mutation vers le "fantastique" dans le domaine littéraire et qui annonce la mythologie freudienne du pansexualisme onirique.
C’est dans ces marges des images bourgeoises que se filtrera le vieux fantasme de la transgression sexuelle de Lilith.
2 commentaires:
Très bel article.
erreur quye de croire que l'occulte est un fantasme, quoique fantasme signifie fantôme. l'occulte recouvre des réalités complexes et parfois terrifiantes.
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