vendredi 25 avril 2008

Aristote chevauché VIII


Enfin, dans ce dessin de Joseph Heintz the Elder (1601?), du Szépmüvéeszeti Muzeum de Budapest, inversion figurale du précédent, l´étalage alléchant de la chair triomphe, terrassant la figure décrépite et honteuse (affublée d’un habit de moine) du vieux. Le dynamisme tout baroque des drapés et du fouet anime, contagieux, cette victoire érotique.

D’une topique du « monde renversé », mise en garde sermonnaire contre la « malice » subversive de la femme on est passés, dans le vertige inquiet de la Renaissance, à une exaltation complice de la soumission sexuelle du mâle.


Cette exaltation, loin d’obéir à un quelconque « impensé » ou « inconscient » (freudien ou autre) de la Renaissance fut « théorisé », dans le sillage de Pic de la Mirandole, par le discours médical et juridique. Ainsi, dans sa réécriture de Pic, Coelius préfigure la « prolifération des perversions » qui allait articuler la scientia sexualis occidentale moderne et aboutir à la construction de la « mythologie freudienne » :

« Ce qui n’est pas moins surprenant, c’est que cet homme connaissait toute la turpitude de cette habitude infâme et bizarre, la détestait sincèrement et la réprouvait avec toute la sévérité d’un juge inflexible ; mais la force de l’habitude l’emportant sur sa raison, il se livrait à son invincible penchant, dans l’instant même qu’il le condamnait. Cette habitude s’était invétérée et avait jeté des racines d’autant plus profondes, qu’elle avait été contractée dès l’âge le plus tendre, et s’était considérablement accrue par les charmes du plaisir qu’il avait trouvé à se fouetter, dans le commerce criminel de ses camarades. Exemple frappant de l’importance de l’éducation, qui montre combien elle est précieuse et combien elle décide de nos moeurs et de notre condition, pour le reste de la vie… »


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