Pourquoi une revue électronique d’études culturelles?
Il s’agit, tout d’abord, de combler ce que nous considérons une lacune importante dans le panorama cyber-universitaire français.
C’est aussi une tentative de nommer une série de recherches qui se font depuis plusieurs années en France, dans le sillage du post-structuralisme, et qui pourraient ainsi trouver une tribune sans nécessairement s’agglutiner dans un « esprit de corps » réducteur.
La notion de culture, on le sait, connait un succès croissant dans toutes les sciences humaines, provocant une inflation polysémique qui tourne au brouillage conceptuel.
Toute forme d’expression collective devient automatiquement culture, que ce soit la « culture footballistique », la « culture SMS » (ou SM tout court), la « culture pub » ou, plus navrant peut-être, les « cultures d’entreprise » qui font la joie des nouveaux technocrates.
La notion envahit même le domaine du vocabulaire politique, se substituant à d’autres termes désormais suspects comme celui d’ « idéologie » (Chirac parle d’une « culture de droite ») ou encore, de façon insidieuse, celui de « race » (la tant galvaudée « culture d’origine »). Des débats lancinants, comme celui du multiculturalisme en France, placent la « culture » au cœur d’un clivage idéologique croissant.
Parallèlement à cette manipulation de la polysémie irréductible du concept, les études culturelles (les Cultural Studies ou encore Cultstuds) se sont affirmées dans les pays anglophones comme la matrice de la redéfinition disciplinaire des études littéraires puis des sciences humaines dans son ensemble, avec des extensions, via l’épistémologie, dans le débat des sciences exactes.
En France, l’université a jusqu’ici ignoré ou discrédité ce projet, prolongeant en fait un débat qui remonte au conflit idéologique entre universalisme (français) des Lumières et particularisme culturel (allemand) du Romantisme. C’est cette réticence française à l’égard du culturalisme, elle-même un phénomène culturel, que nous tenterons de vaincre par l’intermédiaire de notre revue sans pour cela nous plier aux « directives » des Cultural Studies anglo-américaines.
Nous voulons situer ce projet à la croisée de quatre traditions majeures, l’histoire de la culture allemande (Kulturgeschichte), l’histoire des mentalités françaises, le culturalisme anglo-saxon et la littérature comparée « vraiment universelle ».
Nous proclamant autant du R. Barthes des Myhologies que du U. Eco de Comment voyager avec un saumon, du D. Hebdige de Subcultures ou de Norbert Elias nous espérons proposer un « nouveau culturalisme » qui soit avant tout un nouveau regard sur les textes et les pratiques, des mimes antiques aux vidéojeux postmodernes.
Antonio Domínguez Leiva
Sébastien Hubier
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